a. Les fonctions de la monnaie
La monnaie est définie avant tout par ses fonctions économiques :
- Unité de compte : elle permet de mesurer et comparer la valeur des biens et services.
- Intermédiaire des échanges : elle facilite les transactions et évite les contraintes du troc.
- Réserve de valeur : elle peut être conservée pour des achats futurs.
La monnaie repose sur la confiance et joue donc aussi un rôle social et politique. En effet, la monnaie fiduciaire (pièces et billets - du latin Fiducia = la confiance) n'a aucune valeur intrinsèque (Alors que les pièces en ord ou la monnaie marchandise avaient de la valeur intrinsèque).
La valeur de la monnaie fiduciaire vient donc de la confiance; confiance que d'autres personnes l'accepteront, confiance dans la Banque centrale qui garantit sa valeur.
b. Les formes de la Monnaie
Différentes formes de monnaie existent :
- Monnaie marchandise (ancienne, avec une valeur intrinsèque comme l’or).
- Monnaie fiduciaire (billets et pièces).
- Monnaie scripturale (écritures sur les comptes bancaires : virements, chèques, cartes bancaires). La monnaie scripturale représente entre 90% et 95% de la monnaie en circulation, c'est à dire principalement des écritures.
La quantité de monnaie en circulation est mesurée par la masse monétaire, décomposée en agrégats monétaires (M1, M2, M3) selon leur liquidité. ( On entend par liquidité la facilité d'accès.)
2.La monnaie est essentiellement crée par les banques
a. La creation monétaire par les banques
La création monétaire dans une économie moderne repose principalement sur l’activité des banques commerciales. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la monnaie n’est pas uniquement « fabriquée » par la Banque centrale en imprimant des billets : elle naît surtout lorsque les banques accordent des crédits.
Concrètement, lorsqu’une banque accepte de prêter de l’argent à un ménage ou à une entreprise, elle ne sort pas physiquement de l’argent de ses coffres. Elle effectue une inscription comptable : la somme du prêt est créditée sur le compte bancaire de l’emprunteur. Cette inscription constitue de la monnaie scripturale, immédiatement utilisable par l’emprunteur pour effectuer des paiements (achats, investissements, salaires, etc.).
C’est pour cette raison qu’on dit que « les crédits font les dépôts » :
· Les crédits accordés par les banques créent de nouveaux dépôts dans le système bancaire.
· Ces dépôts deviennent à leur tour de la monnaie disponible dans l’économie, utilisée par les agents économiques
Ainsi, la capacité des banques à accorder des crédits est au cœur du processus de création monétaire. C’est pourquoi la Banque centrale surveille et encadre cette activité (par les taux directeurs, les réserves obligatoires, le marché interbancaire) afin d’éviter qu’il y ait trop de monnaie en circulation (risque d’inflation) ou pas assez (risque de récession).
La monnaie est créée ex nihilo : elle apparaît au moment du crédit et disparaît lors du remboursement (destruction de monnaie).
L'exemple de la baignoire; La masse monétaire est un équilibre constant, la masse monétaire se remplit selon les flux de crédits accordés par les banques commerciales. Par la suite, cette masse scripturale est détruite lorsque les crédits sont remboursés.
Alors, si la création > destruction = la masse augmente et inversement.
Les banques créent également de la monnaie en achetant des titres financiers (actions, obligations, bons du Trésor) ou en créditant les exportateurs qui reçoivent des devises étrangères.
a. Banque centrale et taux d’intérêt
Le pouvoir de création monétaire des banques commerciales est limité par la Banque centrale, qui émet la monnaie centrale (billets et monnaie scripturale des banques auprès de la Banque centrale). Les banques en ont besoin pour honorer les retraits et régler leurs opérations entre elles.
La Banque centrale dispose de plusieurs instruments pour contrôler la masse monétaire :
- Les réserves obligatoires : les banques doivent déposer une partie de leurs fonds auprès d’elle.
Ainsi, les banques commerciales sont obligées de déposer auprès de la banque centrale une fraction de leurs dépôts (par exemple 1% ou 2% c’est le taux de reserve obligatoires).
Si la Banque centrale augmente le taux de réserves obligatoires, les banques doivent immobiliser plus de liquidités et elles peuvent donc accorder moins de crédits → la masse monétaire diminue.
Si elle diminue le taux de réserves obligatoires, les banques libèrent des liquidités, peuvent prêter davantage → la masse monétaire augmente.
- Le marché interbancaire : les banques échangent entre elles leurs liquidités à un certain taux, ce taux est aligné sur le taux d’intérêt directeur.
- Les taux d’intérêt directeurs (taux de refinancement) : la Banque centrale fixe le coût du refinancement des banques. Grossièrement c’est le prix que paie une banque commerciale pour acheter de l’argent auprès de la banque centrale. Plus le taux d’interet directeur est élevé, plus le taux d’interet des credits sera élevé.
- Les opérations d’open market : achats ou ventes de titres financiers pour ajuster la liquidité.
b. Effet de l’action de la banque centrale sur la croissance et les prix
Lorsque la Banque centrale baisse ses taux directeurs, elle rend le crédit moins coûteux pour les banques commerciales. Ces dernières peuvent alors proposer aux ménages et aux entreprises des emprunts à des taux plus bas. Cela encourage les agents économiques à consommer et à investir davantage. L’activité économique est donc stimulée, ce qui favorise la croissance.
Mais cette relance comporte un risque : si la demande augmente trop rapidement, cela peut provoquer une hausse des prix, c’est-à-dire de l’inflation.
À l’inverse, quand la Banque centrale augmente ses taux directeurs, le crédit devient plus cher. Les ménages et les entreprises hésitent alors à emprunter, ce qui freine la consommation et l’investissement. La création monétaire ralentit, ce qui contribue à réduire la pression inflationniste.
Cependant, cette politique restrictive a un coût : elle peut ralentir l’activité économique, voire entraîner un risque de récession si elle est appliquée trop fortement ou trop longtemps.
La monnaie est un instrument indispensable aux échanges économiques. Elle repose sur la confiance et remplit trois grandes fonctions : unité de compte, intermédiaire des échanges et réserve de valeur. Elle est principalement créée par les banques commerciales à travers l’octroi de crédits, mais la Banque centrale garde un rôle central de contrôle et de régulation afin d’équilibrer croissance économique et stabilité des prix.
Masse monétaire : quantité de monnaie en circulation dans une économie.
Agrégats monétaires : outils permettant de mesurer les différentes composantes de la masse monétaire (M1, M2, M3).
Monnaie centrale : billets et monnaie scripturale créés par la Banque centrale, composant la base monétaire.
Opérations de compensation : mécanisme permettant aux banques de solder leurs comptes quotidiennement sur le marché interbancaire.
Marché interbancaire : marché sur lequel les banques échangent de la monnaie centrale entre elles et avec la Banque centrale.
Taux d’intérêt directeur : taux fixé par la Banque centrale auquel elle prête des liquidités aux banques commerciales.